Tarification dynamique : bonnes affaires ou juste de l’électricité trop chère ?

L’univers de l’énergie est un monde en perpétuelle évolution. Comme rien ne déroge à cette règle, les grands distributeurs dévoilent de nouvelles formules pour son contrat d’électricité. L’information du moment, c’est qu’ils proposent des offres “à tarification dynamique”. Mais qu’est-ce donc ? Grosso modo, il s’agit d’une stratégie consistant à recalculer en permanence le prix de l’électricité selon les variations de demande. La question que l’on peut se poser logiquement, c’est celle de savoir si cette tarification est une bonne ou une mauvaise chose pour les particuliers. Et si tout prouve qu’effectivement, c’est intéressant de manière générale, différentes associations de protection des consommateurs alarment.

UFC-Que Choisir s’inquiète d’une hausse du prix de l’électricité avec la tarification dynamique

Il est vrai que ce mode de calcul peut laisser rêveur. Sur le papier, la tarification dynamique semble extrêmement attractive. Il faut dire que depuis la libéralisation de l’énergie en Europe et en France en 2007, l’énergie n’a jamais coûté aussi peu cher. L’électricité est un bien commun indispensable pour l’avancée d’une civilisation et du progrès. Cependant, plusieurs acteurs et observateurs de l’économie supposent une hausse générale de la facture de gaz des particuliers s’ils choisissent cette option.

En fer de lance de la protection des consommateurs habituel, UFC-Que Choisir se positionne comme lanceur d’alerte. “Lorsque vous signez votre contrat, vous ne savez pas quel prix sera appliqué par le fournisseur” affirmait Antoine Autier dernièrement sur l’antenne radio Europe 1. “Vous êtes tributaire des évolutions du prix sur le marché et notamment des périodes où les prix sont très élevés, en hiver et sur les heures de pointe”. Tout est dit ; vous voilà prévenu.

Il est vrai que la tarification dynamique paraît extrêmement compétitive pour de grandes structures économiques aux gros volumes de consommation d’électricité. Le principe de base, c’est que c’est un contrat avec lequel le prix de l’électricité change toutes les heures. En cas de variation significative, le fournisseur doit seulement en informer ses utilisateurs.

En souscrivant, les gros consommateurs peuvent prévoir et moduler en connaissance de cause leur consommation en fonction des prix. Pourtant, les particuliers seront beaucoup moins enclins à faire de véritables économies avec les offres à tarif dynamiques. Il est aussi utile de préciser que ce nouveau de mode de calcul va progressivement devenir obligatoire. En effet, une directive européenne obligera tout gros fournisseur à proposer au moins un contrat d’électricité avec cette option.

Grosses économies ou explosion de sa facture d’électricité : l’arbre marketing qui cache la forêt ?

Tous les distributeurs d’électricité se mettent à la page en alignant des offres à tarification dynamique. Mais n’est-ce pas là tout simplement une nouvelle manière pour eux de se faire plus de marge sous des atours de bonnes affaires énergétiques ? C’est Barry, qui, pour l’essentiel, a inauguré la tarification dynamique en France. Une initiative qui fait des émules, comme, la marque française énergies E.Leclerc qui a franchi le pas courant semaine dernière. Il n’est que le premier dans cette situation car de nombreuses autres enseignes désirent lui emboîter le pas.

Il est évidemment bien trop tôt pour se visualiser une telle situation. Néanmoins, il semble y avoir anguille sous roche, principalement sur les effets néfastes qu’un tel mode de calcul pourrait avoir sur les factures des particuliers. En effet, même le médiateur de l’énergie Olivier Challan-Belval reste dubitatif face à la nouvelle.

Selon lui, “Il y a deux choses que je propose : d’interdire que des offres à tarification dynamique soient souscrites à l’occasion d’un démarchage, et d’encadrer très strictement les hausses et les baisses qui vont pouvoir être produites par l’utilisation de ces offres à tarif dynamique.”

Encadrer, encadrer et encore encadrer, c’est tout l’enjeu d’un marché qui se dérégule à la vitesse grand V. Libéralisation et mondialisation conjointement sont des ferments de déstabilisation économique qu’il faut expressément contenir. Car, si la concurrence à l’international peut autant être des choses la plus belle, elle représente également le danger le plus certain. C’est pour toutes ces raisons présentées ici que la CRE – ou Commission de régulation de l’énergie – demande déjà des mesures afin d’encadrer, non pas la pratique de tarification dynamique de l’électricité, mais l’information envers les consommateurs.