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EDF revend ses parts dans le nucléaire américain pour 753 millions d’euros

Publié par Yoann Kuipers
10 août 2021 à 17h14

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EDF décide de mettre un point final à son aventure dans le secteur du nucléaire américain en vendant ses parts dans sa coentreprise Constellation Energy Nuclear Group (CENG). Montant de l’opération : 885 millions de dollars, soit 753 millions d’euros. Cette vente fait suite à une annonce qui date déjà de novembre 2019. C’est donc le 6 août 2021 que la revente de 49,99% de ses parts dans l’entreprise CENG à Exelon Generation a été officialisée.

Bien que l’opération fasse perdre 300 millions d’euros dans le résultat net de l’électricien français, elle lui permet de réduire son endettement d’environ 750 millions d’euros. Cette opération marque donc la fin de l’aventure d’EDF sur le marché du nucléaire américain qui avait pourtant bien débuté.

Une entrée sur le marché nucléaire américain fracassante

Les débuts d’EDF sur le marché nucléaire américain ont pourtant été fracassants en 2008. En effet, pour mettre la main sur les centrales nucléaires de Constellation Energy Nuclear Group, le fournisseur d’énergie français a dû affronter le multimilliardaire Warren Buffet. Alors en pleine crise financière, ce dernier veut conclure l’affaire de sa vie en rachetant Constellation qui a perdu 50% de son titre en Bourse. Cependant, EDF n’en était pas à son coup d’essai : il venait de racheter British Energy pour 15,6 milliards d’euros et avait donc de quoi mener à bien ses ambitions.

EDF mise en grande partie sur l’énergie nucléaire, mais l’aventure américaine prend fin avec la revente de ses parts de CENG.

Pour remporter la vente face à Warren Buffet, l’électricien français dépense donc 4,5 milliards de dollars pour acquérir 49,99% des parts de l’entreprise CENG. En tout, EDF met la main sur 5 réacteurs nucléaires. L’objectif de cette opération était de s’implanter sur le marché énergétique étasunien et mettre en route un partenariat pour développer des réacteurs EPR. Cependant, Constellation va si mal qu’EDF est obligé de venir à son aide. En plus le secteur de l’énergie américain était en passe de faire face à des changements structurels importants que le fournisseur français n’a pas anticipés. D’après un ancien cadre dirigeant d’EDF, l’entreprise pensait, qu’à la fin des années 2000, le nucléaire reprendrait aux États-Unis, mais les dirigeants n’avaient pas vu venir la révolution du gaz de schiste.

De ce fait, de nombreux projets de l’entreprise CENG tombent à l’eau comme le projet d’EPR dans lequel EDF avait placé ses espoirs. Entre 2008 et 2011, le prix de l’électricité baisse fortement aux États-Unis et l’exploitation du gaz de schiste plombe les centrales nucléaires. Depuis, le fournisseur d’énergie français a abandonné toute idée de développer des EPR outre-Atlantique. Il conserve tout de même ses parts dans les cinq réacteurs nucléaires de Constellation, jusqu’à ce jour.

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Des cessions d’actifs qui coïncident avec le plan de réorganisation d’EDF « Hercule »

Malgré ses nombreuses cessions d’actifs, il est intéressant de noter qu’EDF reste très présent aux États-Unis sur le marché des énergies renouvelables. De plus, ces cessions font partie intégrante du programme d’EDF et marque donc la fin de l’aventure américaine du fournisseur et producteur français d’énergie. Comme il le précise dans un communiqué : « La cession s’inscrit dans le cadre de l’option de vente conclue en avril 2014 entre EDF et Exelon, permettant à EDF de céder sa participation à Exelon à sa juste valeur« .

D’un autre côté, EDF est engagé dans un vaste plan de réorganisation initialement nommé « Hercule » qui vise à scinder le groupe en trois entités :

  • Bleu : production d’électricité grâce à l’énergie nucléaire ;
  • Vert : vente d’énergies vertes et renouvelables ;
  • Azur : production d’électricité grâce aux barrages hydrauliques.

L’activité nucléaire d’EDF va donc devoir trouver une nouvelle place dans cette organisation, mais elle restera à n’en pas douter une des sources majeures de production d’électricité de l’entreprise. De plus, la production d’électricité par barrages hydrauliques doit permettre de maintenir à flot les finances du groupe.

EDF compte bien diversifier ses moyens de production d’énergie avec l’hydraulique.

L’objectif final de ce plan de réorganisation Hercule vise à permettre à EDF d’investir massivement. Endetté à hauteur de 40 milliards d’euros, le fournisseur historique français doit notamment développer son offre d’énergies renouvelables. En effet, il est à la traîne par rapport à des concurrents européens comme Enel ou Iberdrola qui ont bien négocié le virage de la transition énergétique.

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Yoann Kuipers – 95 articles publiés

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