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La Commission européenne classe le nucléaire et le gaz « énergie verte »

Publié par Steve Luga
3 février 2022 à 11h32

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Ce mercredi 02 février 2022, une déclaration de la Comission européenne a bousculé le monde de l’énergie. Un texte officiel accorde en effet le label vert à la production d’énergie nucléaire. Cette action s’inscrit dans une volonté de parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050. En accordant un label vert au nucléaire, la Commission européenne espère mobiliser des fonds privés et les diriger vers des investissements dans l’énergie. Se faisant, la Commission européenne tente de financer la transition énergétique. Malgré une bonne volonté et un texte imparfait des dires de la Commission, la colère gronde. De nombreux pays se sont déjà prononcés contre cette motion, tandis qu’un autre pays déclare saisir la justice. De nombreuses ONG environnementales s’opposent également à ce texte, là où Greenpeace dénonce « le plus grand exercice de greenwashing de tous les temps ».

Un label vert pour le nucléaire : une décision qui divise

Dernièrement, on ne peut pas vraiment dire que le marché de l’énergie se porte bien. L’Europe subit actuellement une crise énergétique record, tandis que la France bataille pour maintenir un tarif de l’énergie acceptable. C’est le moment qu’a choisi la Commission européenne pour créer une nouvelle polémique. Ce mercredi, la Commission européenne a présenté un texte très controversé. Ce dernier dresse une liste de critères classant la production d’énergie nucléaire comme énergie durable, et lui accordant unvert. Un privilège normalement réservé exclusivement aux énergies renouvelables.

L’énergie nucléaire, produisant pourtant des déchets radioactifs, a été classée énergie verte et durable par la Commission européenne.

Aux énergies éoliennes, hydrauliques ou encore solaires viennent donc s’ajouter le nucléaire et le gaz, par la même occasion. Autant dire que cette déclaration n’a pas été bien accueillie. Du côté des États membres de la Commision comme du côté des ONG, un mouvement d’opposition fort se fait ressentir. Ainsi, l’Autriche, la Suède, les Pays-Bas, le Luxembourg ou l’Allemagne ont fait connaître leur opposition farouche à cette nouvelle classification. L’Autriche, rejointe par le Luxembourg, a d’ailleurs affirmé son intention de saisir la justice face à ce label vert. De son côté, Greenpeace s’est prononcé en qualifiant cette affaire de « plus grand exercice de greenwashing de tous les temps ».

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La Commission européenne à la recherche de 350 milliards d’euros pour 2050

Comment comprendre ce texte et cette décision, qui semblent aller totalement à l’encontre de la transition énergétique ? Il s’avère que la Commission européenne est tout à fait au fait de l’imperfection de cette nouvelle classification. Accorder levert à la production nucléaire semble être un mal nécessaire. Avec cette décision, la Commission espère attirer des investisseurs privés. Les investissements dans la production nucléaire et le gaz étant dorénavant considéré comme un investissement vert et durable. Ainsi, la Commission européenne cherche à financer la transition énergétique et sa politique de neutralité carbone.

La Commission européenne est à la recherche de 350 milliards d’euros pour 2050 pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050, la Commission estime ainsi que des investissements annuels de 350 milliards d’euros seraient nécessaires. Mairead McGuinness, la commissaire européenne aux finances, a déclaré sur ce sujet « Ce que nous essayons de faire avec cet instrument, et j’espère qu’il va marcher, est d’avoir des investissements privés qui se dirigent vers les énergies vertes, pas seulement aujourd’hui, mais investissent là où il y a un chemin, là où il y a une transition ». Elle affirme également que, malgré l’imperfection du texte, il devrait permettre d’offrir une solution viable pour endiguer le réchauffement climatique.

Ce qu’il faut retenir de cette actualité :

  • le gaz et le nucléaire classé énergie durable ;
  • une décision de la Commission européenne ;
  • un label pour encourager les investissements privés ;
  • de nombreux pays opposés à cette classification ;
  • une décision qui suscite la colère des ONG.
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Le nucléaire classé vert : de nombreuses problématiques pour les ONG

L’heure est donc à la concession et aux mesures drastiques. Néanmoins, ce texte n’est pas au goût de tout le monde. De nombreux pays membres dénoncent un texte avantageux pour la France et l’Allemagne, imposé au reste de l’Europe sans raison. La production électrique de la France repose en effet majoritairement sur le nucléaire, tandis que l’Allemagne est dépendante du gaz naturel en Europe et des importations. Le projet Taxonomie de la Commission n’est donc pas vu d’un très bon œil. Il a également attiré plusieurs manifestants et des activistes, militant contre ce qu’ils estiment être un détournement de fonds qui pourraient être investis dans des énergies vertes.

Avec sonvert accordé au nucléaire, la Commission européenne souhaite faciliter et inciter les investissements dans le nucléaire en Europe.

C’est même un tout autre discours qui est tenu par les ONG et les activistes, allant à l’encontre des propos tenus par la Commission. Interviewé, l’un d’eux dénonce une directive qui va « ruiner nos chances d’atteindre l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre pour l’Europe en 2050″. Néanmoins, la Commission insiste : cette nouvelle classification n’est qu’une transition permettant d’atteindre l’objectif climatique plus rapidement.

Il devrait ainsi permettre une réduction des coûts de financement et une production d’énergie tournée vers la fin des émissions de gaz à effet de serre. La commission avance, enfin, que les énergies renouvelables ne peuvent pas répondre à elle seule à la demande croissante en énergie, en Europe et dans le monde. Elles restent toutefois une priorité dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les ONG s’inquiètent néanmoins des problématiques de pollutions aux déchets nucléaires et de risques d’accidents, totalement écartés de cette nouvelle classification.

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Auteur de l'article

Steve Luga – 83 articles publiés

Steve Luga - Rédacteur pour MaPetiteEnergie

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