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La Parlement européen rejette le label vert sur le gaz et le nucléaire

Publié par Steve Luga
15 juin 2022 à 15h09

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Ce mardi 14 juin, deux commissions européennes se sont farouchement opposées au projet de loi visant à intégrer l’énergie nucléaire et le gaz dans le label vert. Cette opposition souligne une scission au sein des pays de l’Union européenne. En effet, ce projet de loi divise : là où certains y voient un moyen de financer les énergies renouvelables, d’autres dénoncent une vaste opération de green washing. L’opposition des deux commissions du Parlement européen devrait mener à un vote des eurodéputés en session plénière avant le 11 juillet, date définitive d’adoption du texte de loi.

Pourquoi le Parlement veut-il labelliser « vert » le gaz et le nucléaire ?

C’est en février dernier que l’on entendait parler pour la première fois de ce projet de loi. À l’époque, la proposition avait bousculé le monde de l’énergie. La Commission Européenne avait alors rendu publique une liste de critères classant l’énergie nucléaire sous levert. Si ce texte de loi est adopté, la production nucléaire serait alors déclarée source d’énergie durable.

Une proposition qui va à l’encontre de beaucoup de problématiques actuelles. À l’heure où l’Europe et la France cherchent activement à sortir du nucléaire et promettent la neutralité carbone d’ici à 2050, cette nouvelle avait créé la polémique. Le texte de loi très controversé a pourtant des bases solides : en classant le nucléaire dans les énergies vertes, la Commission espère attirer des investisseurs privés pour relancer l’industrie des énergies renouvelables.

Ce premier rejet de la labélisation verte du nucléaire et du gaz vient de deux commissions du Parlement européen.

En vérité, ce texte de loi irait même dans le sens de la neutralité carbone. En accordant au gaz naturel et au nucléaire le statut d’énergie verte, la Commission européenne veut pousser les investisseurs à injecter de l’argent dans les énergies vertes. Ces investissements serviront alors à financer une production d’énergie neutre en carbone. Pour être atteint, cet objectif nécessiterait en effet plus de 350 milliards d’euros. La classification du gaz et du nucléaire en énergie renouvelable serait alors un mal nécessaire pour avancer vers une production d’énergie plus propre.

Ce qu’il faut retenir de la proposition :

  • la commission européenne a besoin de 350 milliards d’euros ;
  • l’espoir est placé du côté des investisseurs privés ;
  • pour inciter à investir, la Commission veut classer le nucléaire énergie renouvelable ;
  • ce mal nécessaire serait un pas de plus vers la neutralité carbone.
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Une opposition farouche au sein de l’Union européenne

Malgré les explications de la Commission européenne, cette proposition est loin de faire l’unanimité. En février, déjà, l’Autriche, la Suède, les Pays-Bas, le Luxembourg ou l’Allemagne dénonçaient sans retenue ce texte de loi controversé. De leur côté, le Luxembourg et l’Autriche allaient même encore plus loin en menaçant de saisir la justice contre cette proposition énergétique.

Les ONG et les groupes d’activistes pour le climat voient également d’un très mauvais œil cette labélisation forcée. Les Verts targuaient même cette loi de « la plus vaste opération de greenwashing du moment ». Face à de très nombreux reproches, la Commission européenne tient tout de même ses positions. Elle réaffirme la nécessité de cette loi pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. L’installation de nombreuses infrastructures visant à lutter contre le réchauffement climatique devrait ainsi dépendre de ce texte controversé.

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Malheureusement pour ses défenseurs, le texte de loi risque de ne pas voir le jour. Ce mardi 14 juin, lors d’une réunion des commissions parlementaires Affaires économiques et Environnement, deux commissions européennes se sont prononcées contre la labélisation « verte » du gaz et du nucléaire, deux énergies fossiles. Au total, ce sont plus de 70 eurodéputés qui ont fait entendre leur voix. Une opposition qui ouvre la voie à un vote de tous les eurodéputés en séance plénière exceptionnelle.

Le texte de classification du nucléaire en énergie durable va-t-il voir le jour ?

Cette séance plénière devra donc se tenir avant le 11 juillet, date d’adoption définitive de ce texte de loi. Pour empêcher l’adoption de cette loi, il faut que la majorité absolue du Parlement européen, soit un total de 353 députés, se prononce contre. De la même manière, il est possible que le texte soit définitivement abandonné si 15 États membres, représentant à eux seuls 65 % de la population de l’Union européenne, déclarent mettre leur veto.

La catégorisation du nucléaire continue de rester instable, oscillant entre source d’énergie dangereuse et solution sans émission de CO2.

Les eurodéputés s’étant opposé ce mardi au texte de loi font entendre leurs arguments. Selon eux, le gaz naturel et le nucléaire « ne respectent pas les critères d’activités durables sur le plan environnemental » pour être classés énergies vertes. Ils admettent cependant que ces deux énergies jouent un rôle déterminant dans la production d’énergie et la fourniture d’électricité durant cette période de transition vers un mode de consommation plus vert.

Il faudra donc attendre le 11 juillet prochain pour connaître le fin mot de l’histoire. Si le texte est abandonné, le Parlement européen devra se creuser la tête pour trouver un autre moyen de récolter les 350 milliards d’euros nécessaires à la mise en place de la transition énergétique. À l’inverse, si le texte est adopté, l’Allemagne et la France, affichant une grosse part de nucléaire dans son mix énergétique, devraient être grandement avantagés.

L’essentiel de cette actualité :

  • 2 commissions européennes se prononcent contre le texte de loi ;
  • la proposition vise à classer le gaz et le nucléaire « énergie verte » ;
  • la Parlement veut inciter les investisseurs privés à soutenir la transition énergétique ;
  • un vote en séance plénière doit se tenir avant le 11 juillet, date d’adoption du texte de loi.
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Auteur de l'article

Steve Luga – 83 articles publiés

Steve Luga - Rédacteur pour MaPetiteEnergie

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