L'essentiel à retenir sur la variation des prix de l'électricité
Le marché de l’électricité est sujet à de nombreuses variations en matière de production. Ces mêmes fluctuations engendrent des phénomènes particuliers sur les prix, passant parfois à un tarif négatif.
Voici l’essentiel de ce qu’il faut retenir quant à ces fluctuations :
la surproduction liée à une faible consommation est un facteur déterminant ;
les phénomènes météorologiques ont un impact direct sur la production d’énergies renouvelables ;
la situation n’arrange ni les producteurs, ni les consommateurs.
Le marché de gros de l’électricité enregistre de nombreuses fluctuations au fur et à mesure des années. Les acteurs principaux du marché font face à une baisse des prix de l’énergie électrique, qui deviennent parfois négatifs. Il s’agit de comprendre les causes de ces fluctuations, pour ensuite en mesurer l’impact sur le marché. Dans un second temps il sera question de déterminer les éléments déclencheurs des tarifs négatifs de l’électricité, ainsi que les solutions potentielles pour les éviter.
Pourquoi l’électricité peut se retrouver à prix négatif ?
C’est une situation difficile à croire pour tout consommateur lambda, et pourtant celle-ci est bien réelle. Les périodes de tarifs négatifs sur le prix de l’électricité se sont déjà produites à plusieurs reprises. Et ce phénomène est de moins en moins rare. Les baisses momentanées du prix de l’électricité sont principalement dues à des concours de circonstances entre l’offre et la demande, qui créent alors une période de tension durant laquelle l’énergie produite n’est plus rentable.
La France, mais aussi d’autres pays d’Europe comme l’Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas n’échappent pas à ce phénomène. Plusieurs raisons peuvent expliquer ces phénomènes tarifaires sur l’énergie électrique.
Surproduction d’électricité : le prix de gros au MWh dévalorisé sur le cours de l’Epex Spot en Europe
La principale raison qui explique ce phénomène est la surproduction. Dans certaines périodes de l’année, la production d’énergie électrique est particulièrement élevée par rapport à la consommation réelle. Si en plus de cela, le pic de production a lieu en plein milieu de la nuit (c’est-à-dire lorsque la consommation est la plus faible), alors l’électricité produite n’est que très peu utilisée. Les producteurs se retrouvent avec un surplus d’électricité qu’ils ne peuvent pas stocker.
La bourse peut déséquilibrer le prix de gros de l’électricité, et mener à des tarifs négatifs.
Il est important de garantir un certain équilibre entre la production et la consommation d’électricité afin de s’assurer que le marché de l’électricité de gros ne s’effondre pas ; cela provoquerait un black-out. Lorsque la consommation est faible et que la production est importante, les marchés à court terme agissent directement sur les prix, revus à la baisse. De cette manière, le black-out est évité.
Au cours des dernières années, plusieurs épisodes de prix négatifs ont été signalés.
Ça a pu être le cas sur le cours européen de l’Epex Spot, par exemple, le 24 mai 2020, ou encore lors du lundi de Paques. De manière générale, à la moitié de l’année 2020, il y avait eu 28 heures de prix spots négatifs.
C’est autant que pour l’année 2019, où 28 heures de prix négatifs avaient été signalées.
En revanche, les différences de prix sont de plus en plus importantes. En moyenne, le cours du MWh en dessous de zéro atteignait -12,24€ en 2020, contre -5,63€ en 2019, et 10,06€ l’année précédente.
L’influence des obligations d’achat pour les prix négatifs en France
Depuis quelques années, le gouvernement a mis en place un dispositif d’obligations d’achat visant à encourager la production d’énergie électrique plus respectueuse de l’environnement. Ce dispositif législatif oblige le fournisseur historique EDF et les entreprises locales de distribution à acheter de l’électricité produite par des filières plus vertes (biomasse, éolien, photovoltaïque) à des conditions tarifaires et techniques imposées.
Cette part de production écoresponsable vient s’ajouter à la production d’électricité dite classique. La quantité d’énergie produite est donc plus conséquente, ce qui peut avoir un impact direct et créer ce phénomène de surproduction d’électricité. En cas de faible consommation, les producteurs affiliés aux obligations d’achat d’EDF se retrouveraient encore avec un stock d’électricité à écouler, malheureusement pour eux à un prix parfois négatif.
En ce sens, il est plus évident de comprendre que la loi sur les obligations d’achat a un impact direct sur le volume de production d’électricité et donc sur les prix négatifs. Face à un tel contexte, les périodes de prix négatifs sont amenées à se produire plus régulièrement.
Stocker l'électricité avec un fournisseur
Le monde de l’électricité ne cesse d’évoluer, et dans cette perspective, des fournisseurs se distinguent par des propositions novatrices. C’est notamment le cas de Urban Solar Energy, qui propose un stockage virtuel d’électricité. Par ce biais, les producteurs favorisant l’auto-consommation avec une centrale photovoltaïque peuvent stocker le surplus d’électricité verte. Son prix ? 1€ HT par kilowatt-crête généré.
Quel impact ont les prix négatifs de l’électricité sur le marché ?
Une baisse des prix n’est pas toujours un bon signe pour un marché, quelle qu’en soit sa nature. La situation actuelle du marché de l’électricité est à double tranchant lorsque les prix sont négatifs. Cela concerne directement les consommateurs comme les producteurs. Chaque fluctuation a un impact direct sur les principaux acteurs du marché de l’énergie électrique.
Les prix négatifs de l’électricité : comment apparaissent-ils sur le marché ?
Côté producteur : quelles conséquences aux variations négatives de prix ?
Les producteurs d’énergie électrique sont plus ou moins impactés par le phénomène des prix négatifs. Néanmoins, le degré d’impact varie en fonction des types de production. Les producteurs d’énergies renouvelables sont parfois malgré eux poussés à produire plus. Par exemple, si un phénomène météorologique se produit et crée une météo particulièrement venteuse, les éoliennes se mettent à tourner beaucoup plus intensément qu’à la normale.
L’énergie injectée sur le réseau électrique est donc décuplée, ce qui pourrait créer une surproduction. Cependant, les producteurs d’électricité renouvelables sont rémunérés hors marché. Les fluctuations des prix de vente n’ont pas d’impact direct sur eux.
Les producteurs classiques se voient contraints de fermer leurs centrales thermiques sur de courtes périodes définies. En l’état, cette opération est inévitable, mais également coûteuse car il faut fermer les centrales pour quelques heures uniquement. Elles ne sont pas conçues pour être interrompues et redémarrées sur une base régulière.
Cela engendre des coûts de structure assez importants. De ce fait, les producteurs prennent la décision de “détruire” l’électricité excédentaire. Il ne s’agit pas de la faire disparaître physiquement, mais plutôt économiquement, en baissant les prix de manière significative.
Côté consommateur : quelle influence ont les prix de l’électricité négatifs en bourse ?
Dans un premier temps, ce sont les consommateurs qui se réjouissent de voir le prix de l’électricité à un prix négatif. Sur certaines plages horaires, les usagers peuvent consommer à volonté sans se soucier du prix. Cela peut être une opportunité d’effectuer des recharges de véhicule électrique par exemple. Le fournisseur Barry propose une offre d’électricité à prix coûtant en temps réel. Dans ce cas de figure, le prix négatif est une opportunité à saisir.
Tout porte à croire que les grands gagnants de cette situation sont les consommateurs finaux. Bénéficier de l’électricité à prix négatif peut paraître insolite et à la fois alléchant d’un point de vue financier. Et pourtant, cette “opportunité” n’en est pas réellement une. Cette baisse des prix faramineuse est malheureusement une mauvaise nouvelle pour le consommateur sur le long terme.
La majorité des Français achètent leur électricité indexée sur le Tarif Réglementé de Vente en vigueur (TRV). Ils ne profitent pas de ces tarifs négatifs, car une baisse des prix engendre par conséquent un surcoût entre le prix réglementé garanti aux renouvelables et le prix du marché, pouvant s’élever à 10%. Sur une courte période donnée, l’électricité est à prix négatif, mais ces fluctuations finissent par se répercuter ailleurs sur le long terme.
Qu'est-ce que le Tarif Réglementé de vente (TRV) ?
La libéralisation du marché de l’énergie en 2007 a conduit à une ouverture de la concurrence. Les fournisseurs historiques ne sont plus les seuls sur le marché et doivent désormais faire face à une concurrence désireuse de baisser les prix de l’énergie. Cependant, la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) continue de réguler les prix et notamment de l’électricité. Les pouvoirs publics basant les offres de la concurrence sur ce qu’on appelle le Tarif Réglementé de vente. Ce système permet d’assurer une concurrence plus saine sur le marché.
Quels sont les éléments qui favorisent l’apparition de prix négatifs pour l’électricité ?
Comme évoqué précédemment, l’excédent énergétique est la principale cause qui incite les producteurs à casser les prix de l’électricité. Les périodes de prix négatifs de l’électricité sont amenées à se reproduire régulièrement. Celles-ci peuvent être favorisées par de nombreux facteurs à une plus grande échelle.
Tout d’abord, les événements climatiques jouent un rôle prépondérant sur la production d’énergies renouvelables. En cas de fortes pluies ou de vents violents, les producteurs d’électricité par voie hydraulique ou éolienne voient leurs équipements tourner à plein régime. Cette situation crée un important déséquilibre du mix énergétique. Ce choc d’offre involontaire engendre à son tour un excédent d’électricité. Les producteurs se voient contraints de vendre à perte.
D’autres éléments contribuent à favoriser l’apparition de prix négatifs de l’électricité sur le marché. Certains chocs de demande, liés à des cas de force majeure, peuvent aussi amplifier le phénomène. Par exemple, la crise sanitaire de la Covid-19 a poussé les gouvernements à confiner la population. L’activité économique s’est vue fortement ralentie et les industries étaient à l’arrêt. Il est important de rappeler que les usines ainsi que les transports publics et privés sont particulièrement énergivores. Face à une chute drastique de la consommation, les producteurs se sont une nouvelle fois retrouvés en situation de surproduction.
Les principaux éléments qui accentuent de l’apparition des prix négatifs sont :
Les événements climatiques qui perturbent le volume de production d’énergies renouvelables.
L’excédent énergétique lié à la surproduction.
L’impossibilité de stocker l’électricité.
Les cas de force majeure comme la crise sanitaire ou un embargo géopolitique sur l’énergie.
Comment éviter les prix négatifs de l’électricité ?
La structure même du marché de l’énergie n’est pas étrangère au phénomène des prix négatifs de l’électricité. En effet, la complexité liée au tarif réglementé du marché en vigueur demande aux acteurs du marché de s’adapter. Le contexte monopolistique d’EDF et sa position sur le marché influent considérablement sur les prix fixés. Une refonte du marché de l’électricité est-elle possible ?
Afin d’éviter les prix négatifs de l’électricité, certaines méthodes existent.
Une solution envisageable pourrait être de développer des moyens structurels et technologiques pour stocker l’électricité afin de la réutiliser. Cette solution serait même un idéal d’un point de vue écologique et responsable. Cependant, il est évident de s’imaginer que les coûts de structures pour mettre en place un tel processus seront importants.
Il est possible de réguler la production d’énergie renouvelable, moyennant une compensation. En d’autres termes, si un choc d’offre vient à intensifier la production électrique, il serait cohérent de réguler la quantité d’énergie injectée sur le réseau électrique. Pour ce faire, le gouvernement, avec l’aide de l’ARENH pourrait mettre en place un seuil à ne pas dépasser. En contrepartie, l’Etat peut proposer une aide pour subvenir aux besoins des producteurs liés à cette régulation.
Si la situation ne permet pas d’échapper aux périodes de prix négatifs, la solution pourrait provenir d’une alternative non existante à l’heure actuelle. Cette crise peut être l’opportunité de développer d’autres sources de production d’électricité verte, moins dépendantes des événements météorologiques.
En résumé, pour éviter les prix négatifs de l’électricité, il faudrait :
Développer des moyens permettant de stocker l’excédent énergétique.
Réguler la production d’énergies renouvelables exposée à des cas de force majeure.
Développer d’autres moyens de production d’électricité.
