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L’État français vient d’annoncer son intention de lancer prochainement une offre publique d’achat dans le but de racheter totalement EDF. Le fournisseur d’électricité historique en France appartient déjà à l’Etat à hauteur de 84%. Le coût total de cette offre de rachat s’élève, selon les premières estimations, à plus de 9,7 milliards d’euros. L’État français offre de racheter les parts restantes d’EDF à hauteur de 12€ l’action. Par cette offre publique de rachat, le gouvernement espère tirer EDF du gouffre financier dans lequel il est actuellement empêtré. Entre ses chantiers industriels de grande envergure, son parc nucléaire vieillissant et ses réacteurs à l’arrêt, le groupe cumule une dette qui pourrait s’élever à 60 milliards d’euros d’ici fin 2022.

EDF bientôt propriété exclusive de l’Etat français, décryptage

Après avoir mis en pause le projet Hercule, censé relancer les activités d’EDF en segmentant ses différents secteurs, le gouvernement a dévoilé son nouveau plan d’action. Le sauvetage d’EDF se fera donc par le biais d’une offre publique d’achat (OPA). Avec cette dernière, le gouvernement entend acheter les 15% de capital qu’il ne possède pas encore : actuellement, EDF est la propriété de l’état à hauteur de 84%.

Pour cela, le gouvernement ne fait pas dans la demi-mesure. L’État compte ainsi mettre sur la table, d’ici début septembre, une offre d’achat s’élevant à 9,7 milliards d’euros. Pour aboutir à ce résultat, le gouvernement entend racheter le capital du premier électricien de France au tarif de 12€ l’action. Une offre jugée très généreuse par Bercy puisqu’elle se situe 34% au-dessus de la moyenne des cours de l’action EDF en bourse sur l’année passée.

rachat du groupe EDF

L’État français offre 9,7 milliards d’euros pour acquérir les 15% d’EDF dont il n’est pas encore propriétaire.

Il faut rappeler, au passage, qu’EDF ne fait pas bonne figure en bourse. Depuis son entrée officielle sur le marché en 2005, l’action du fournisseur historique est passée de 32€ à un peu moins de 8€. Une dégringolade qui accompagne le surendettement du groupe et les lourdes charges financières auxquelles EDF doit faire face.

Si le rachat du groupe est jugé essentiel pour la relance de ses activités, les modalités sont, elles, grandement questionnées. C’est notamment du côté des actionnaires que les protestations se font entendre. Ainsi, Energie en actions, une association représentant les actionnaires salariés, a fustigé le prix de rachat des actions. L’association juge alors les 12€ proposés par l’Etat « clairement insuffisant (…) au regard de ceux qui ont souscrit en 2005« .

Le point sur le rachat d’EDF :

  • l’Etat français est propriétaire d’EDF à hauteur de 84% ;
  • il veut racheter les 15% restant pour 9,7 milliards d’euros ;
  • l’action serait achetée au prix de 12€ ;
  • cette nationalisation intervient pour sauver EDF de la banqueroute.
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Parc nucléaire vieillissant et dette record : la recette du désastre EDF

Avec cette offre publique de d’achat, l’Etat espère conclure rapidement l’affaire : avec le dépôt de l’offre au plus tard début septembre devant l’autorité des marchés financiers, le gouvernement projette de terminer la procédure d’achat en octobre. De son côté, EDF a réuni un comité restreint composé de quatre administrateurs qui seront chargés d’évaluer l’offre et de mandater l’avis d’un expert indépendant.

Selon Elisabeth Bone, la première ministre, cette opération a une double volonté : accélérer la mise en place du programme de nouveau nucléaire et le développement des énergies renouvelables en France. Après l’abandon du projet Hercule, EDF aurait en effet bien besoin d’aide pour relancer ses activités. Le premier électricien de France accuse aujourd’hui des retards conséquents dans ses chantiers industriels et une dette record.

rachat EDF

Le parc nucléaire vieillissant d’EDF engendre de nombreux problèmes dont l’arrêt de plus de la moitié de ses 56 réacteurs.

La décrépitude d’EDF est encore accélérée par son parc nucléaire vieillissant. Aujourd’hui, c’est plus de la moitié de ses 56 réacteurs nucléaires qui sont à l’arrêt. Des problèmes de corrosion et de maintenance ont en effet été recensés ces dernières années. Avec tous ces problèmes, le groupe cumule une dette qui pourrait s’élever à plus de 60 milliards d’euros fin 2022.

Ce surendettement d’EDF s’explique également par l’ARENH. Depuis l’ouverture du marché à la concurrence, le fournisseur historique est en effet contractuellement obligé de vendre son électricité nucléaire à bas coût à ses concurrents, les fournisseurs alternatifs. Début 2021, pour faire face à la crise énergétique, l’Etat avait encore augmenté la part de l’ARENH ; accélérant encore davantage la dégringolade du groupe.

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