Energies

C’est un combat qui commence à faire des vagues au sein de l’Union européenne. Certains pays, à l’image de la France, souhaitent voir le nucléaire classé comme énergie verte. D’autres États membres, au premier rang desquels se trouve l’Allemagne, s’opposent à ce changement de paradigme. Le débat s’ouvre depuis le mois d’octobre, dans le cadre d’une révision de la liste des énergies vertes à Bruxelles. Il s’agit pour la Commission européenne de déterminer quelles sont les énergies véritablement vertueuses pour l’environnement et le climat.

Le nucléaire, énergie verte d’avenir ou risque permanent ?

Les discussions sont vives, et l’arbitrage sur cette nouvelle classification, ou « taxonomie », ne cesse d’être repoussé. Il faut dire que le nucléaire est un peu perçu comme à cheval entre énergie verte et énergie fossile. Finalement, la décision sur la nouvelle liste des énergies vertes doit être publiée ce mercredi 30 décembre. En fait, ce débat n’est pas qu’une question de classification et de nomenclature. Sont en jeu de futurs investissements, qui doivent permettre ou non le développement des filières du nucléaire, ainsi que du gaz. Les partisans de ce dernier revendiquent un statut d’énergie « de transition » qui est moins sujet au débat.

UE décision nucléaire énergie verte

Ursula Von Der Layen, présidente de la Commission européenne, doit rendre publique la décision le 30 décembre.

L’opposition en dit surtout beaucoup sur les divergences idéologiques dans lesquelles se retrouvent désormais deux des leaders de l’Union européenne. D’un côté, les défenseurs du nucléaire avec la France en tête souhaitent qu’il soit reconnu comme une solution à développer sur le long terme, en faveur de la transition énergétique. En face, les pays comme l’Allemagne renoncent déjà à cette source d’énergie, et ne veulent pas que leurs voisins prennent une direction opposée.

Il y a notamment en jeu la question de la sécurité, qui reste l’un des arguments majeurs des opposants au nucléaire. Il est vrai que l’Allemagne a beau mettre fin à son programme nucléaire, elle peut toujours être touchée si une catastrophe doit survenir dans un pays proche. Mais la France fait tout son possible pour rassurer sur les craintes liées au risque nucléaire. La gestion des déchets nucléaires fait aussi débat. D’autre part les fluctuations des prix de l’énergie cette année ne font qu’encourager l’hexagone à renforcer son indépendance énergétique.

Le débat sur l’acceptation du nucléaire comme énergie verte en bref :

  • la Commission européenne doit publier une classification des énergies vertes mise à jour ;
  • la France souhaite voir figurer le nucléaire dans cette liste ;
  • l’Allemagne s’y oppose, préférant renoncer à cette source pour sa part ;
  • des financements potentiels sont à la clé.
ASN : Autorité de Sûreté Nucléaire
À lire aussiQuel est le rôle de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) en France ?
Lire la suite

Deux stratégies radicalement opposées pour la transition énergétique

Il faut dire que la France ne semble pas être sur la voie d’une diminution de la part du nucléaire dans son mix énergétique. L’allocution d’Emmanuel Macron sur l’avenir du nucléaire ouvre la voie à la construction de pas moins de 6 nouveaux réacteurs dans les années à venir. Sans compter le chantier de Flamanville, toujours en cours depuis 2007. La reconnaissance du nucléaire comme énergie verte peut permettre de débloquer des fonds pour ces projets coûteux. Les augmentations des prix de l’électricité et du gaz pourraient bien encourager l’UE à statuer en faveur de la position française.

Centrale nucléaire et énergie verte

Le nucléaire, bientôt de l’histoire ancienne en Allemagne.

De son côté, l’Allemagne est déjà engagée depuis quelques années dans l’arrêt du nucléaire. Ce 31 décembre, une centrale nucléaire doit cesser ses activités. En 2022, il n’y aura plus que 3 réacteurs en activité, et tous doivent aussi baisser le rideau d’ici la fin de l’année. Le nouveau chancelier Allemand Olaf Scholz ne compte pas changer la direction prise Outre-Rhin, et la coalition désormais au pouvoir compte au contraire l’accélérer.

Les énergies vertes sont plus favorisées, car la part du charbon est aussi en baisse. En une décennie, son usage est presque divisé par deux. Pour pallier le manque, il faut donc que l’Allemagne accélère la transition énergétique. Ce qui veut dire développer à la fois l’énergie éolienne et le photovoltaïque. La France ne néglige pas les énergies vertes actuellement reconnues pour autant, mais n’en fait pas son fer de lance.

Deux stratégies s’opposent pour la transition énergétique :

  • la France souhaite développer son parc nucléaire ;
  • 6 projets de nouvelles centrales sont lancés, plus un chantier déjà en cours à Flamanville ;
  • l’Allemagne souhaite au contraire sortir du nucléaire à l’horizon 2023 ;
  • elle tente de réduire aussi son utilisation d’énergies fossiles, en particulier le charbon.
Mix énergétique français
À lire aussiMix énergétique français : la part des ressources importées, produites et consommées
Lire la suite

Partagez !

À lire aussi

Donnez votre opinion : commentez !