Energies

Les prix de l’électricité en France et en Europe, ainsi que leur impact direct sur la vie des consommateurs, semblent au centre de toutes les discussions ces derniers jours. Pour cause : la semaine passée, la ministre de la transition énergétique, Barbara Pompili, réaffirmait l’intention du gouvernement de limiter à 4% l’augmentation des prix de l’électricité en 2022. La promesse était donc faite : cependant, comment y parvenir ? Avec la flambée record des prix de l’énergie en Europe, ce projet semblait pour le moins ambitieux. La ministre assurait de même que plusieurs solutions techniques étaient envisagées pour parvenir à ce résultat. Cette semaine, le gouvernement dévoilait la première mesure d’une longue série : l’augmentation de l’Arenh, la part d’énergie nucléaire qu’EDF est contraint de revendre à ses concurrents. Décryptage de cette actualité.

Augmentation de l’Arenh pour 2022 : quelles conséquences pour EDF ?

Afin de comprendre l’impact de cette actualité, il faut tout d’abord définir ce qu’est l’Arenh. Crée afin de faciliter la mise en place d’un marché concurrentiel de l’énergie en France et en Europe, le volume de l’Arenh représente la part de production d’énergie nucléaire qu’EDF est contraint de revendre à ses concurrents. Dans les faits, le producteur et fournisseur d’énergie en France doivent alors revendre cette énergie au tarif réglementé, soit 42 euros/MWh. Cette mesure permet une meilleure implantation des fournisseurs alternatifs en France, et vise à contrer le monopole d’EDF sur la fourniture et la production d’énergie en France.

Prix de l'électricité

L’augmentation du volume de l’Arenh force EDF à vendre une plus grande part de son électricité nucléaire à ses concurrents directs.

Ainsi, les fournisseurs alternatifs sont assurés de posséder une énergie à revendre à bas prix. Cette énergie à bas prix alimente la concurrence sur le marché de l’énergie. Cette concurrence est alors bénéfique pour les consommateurs. Un marché concurrentiel s’oppose à un marché avec une seule entité, qui possède le monopole, et sur lequel les prix sont fixés par cette entité sans pression d’autres groupes. Ce marché concurrentiel artificiel permet aux prix du kWh d’électricité en France de baisser. Seulement voilà : la crise énergétique actuelle a mis à mal ce modèle énergétique, et a forcé plusieurs fournisseurs alternatifs à mettre la clé sous la porte.

Pour espérer maintenir l’augmentation du prix de l’électricité sous la barre des 4%, le gouvernement a donc décidé d’une augmentation de l’Arenh. Pour l’année 2022, EDF sera donc contraint de vendre 120 MWh d’énergie nucléaire à ses concurrents. En 2021, le volume de l’Arenh se trouvait à 100 MWh, sur les 360 MWh produit par EDF chaque année. Dans les faits, cette nouvelle mesure représente un manque à gagner de 8 milliards d’euros pour EDF. L’énergie vendue par le fournisseur à ses concurrents sera, en effet, à un tarif bien en dessous de celui pratiqué actuellement sur le marché européen : soit 250 euros le MWh.

L’augmentation de l’Arenh, en bref :

  • volume d’Arenh établit à 120 MWh pour 2022 ;
  • quantité d’énergie nucléaire revendue aux concurrents d’EDF ;
  • électricité revendue à un tarif très bas ;
  •  au tarif extrêmement élevé sur le marché européen ;
  • représente un manque à gagner de 8 milliards d’euros pour EDF.
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Des mesures pour maintenir l’augmentation du prix de l’électricité à 4% en 2022

Cette mesure intervient donc à la suite des déclarations de Barbara Pompili. La ministre de la transition énergétique garantissait en effet au micro de BFM TV une augmentation des prix de l’électricité limitée à 4% pour 2022. Une promesse qui semblait presque impossible face aux prix records de l’énergie sur le marché européen. Cette crise énergétique fait suite à des problèmes d’approvisionnement suite à la reprise économique et énergétique assez mouvementée au lendemain de la crise sanitaire. Néanmoins, il semblerait bien que ce soit le fournisseur historique, EDF, qui fasse les frais de cette crise pour 2022.

Prix de l’électricité

La nouvelle injonction du gouvernement envers le fournisseur historique représente un manque à gagner de presque 8 milliards d’euros.

Une refonte de la législation entourant l’Arenh était déjà en discussion. Cette refonte devait intervenir en parallèle du projet Hercules, qui visait à diviser EDF en plusieurs entités indépendantes. Des dires du PDG du groupe, Jean Bernard Levy, cette réforme est essentielle pour permettre à EDF de rester un acteur majeur et concurrent sur le marché de l’énergie. Malheureusement, en raison de nombreux points de désaccord, cette réforme avait été repoussée au prochain quinquennat. Avec cette élévation du volume de l’Arenh, le gouvernement ne laisse toutefois pas EDF sur la paille : le tarif de l’électricité vendu a, de même, été augmenté. Il passe donc de 42 euros par MWh à 46,2 euros le MWh.

Cette mesure promet toutefois d’être temporaire, et de ne courir qu’en 2022. 2023 devrait voir le retour à la normale du volume de l’Arenh et du prix de l’électricité revendue par EDF. Néanmoins, cette mesure est vivement critiquée en interne. Alors que le gouvernement se veut reconnaissant auprès d’EDF d’accepter ce sacrifice, l’économiste et chercheur au GRENEM David Cayla s’indignait sur Twitter en accusant le gouvernement de  » saboter ses propres entreprises publiques pour garantir les profits des parasites du marché de l’électricité ». Une mesure qui divise, et qui risque fort d’impacter le marché de l’énergie, en bien comme en mal.

Ce qu’il faut retenir de cette information :

  • une augmentation de l’Arenh limitée à 2022 ;
  • prix de vente de l’électricité plus élevée ;
  • une mesure pour limiter l’augmentation du prix de l’électricité ;
  • la flambée des prix de l’énergie toujours en cours sur le marché européen.
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